L'eau potable de Marseille désaltère Barcelone

La pénurie d'eau gagne l'Europe. Roumanie, Grèce, Pays-Bas et Barcelone ont connu des sécheresse historiques. La solidarité s'organise.

« La moyenne annuelle des populations et des territoires touchés par la sécheresse augmente de façon importante depuis 30 ans (de 6 % à 13 %) », indique une étude récente de la Commission européenne. L'impact sur l'économie de l'Union est estimé à une centaine de milliards d'euros. Avec le réchauffement climatique, la situation va s'aggraver prédit la Commission. Elle incite à économiser l'eau potable. Le chantier est de taille. « L'Europe gaspille entre 20 % et 40 % de ses ressources. »

Pour répondre à l'urgence, des solidarités s'organisent. Ainsi Marseille est-elle venue au secours de Barcelone. En situation de pénurie historique, la Catalogne s'est tournée vers la Provence. « Au printemps, deux cargos ont effectué six rotations entre les deux ports. 185 000 m3 ont permis de fournir 3 % des besoins de Barcelone en eau potable, sans pénaliser les Marseillais », explique Sophie Vague de la Société des eaux de Marseille. La pluie abondante de l'été a mis fin à cette opération qui devait durer trois mois. La Méditerranée prendra ensuite le relais. « La Catalogne construit une usine de dessalinisation de l'eau de mer pour fin 2009. »

Paradoxe, alors que dans l'Ouest tant arrosé, les ressources en eau sont parfois à la limite de l'épuisement pendant la saison estivale, au pays de Manon des Sources, l'anisette ne craint pas l'assèchement. « Marseille a cruellement manqué d'eau. En 1834, chaque habitant ne disposait que d'un litre par jour. Cette eau était de si mauvaise qualité que pendant l'été 1900, on a enregistré un mort par typhoïde chaque jour », raconte Sophie Vague.

Pour remédier à cette crise permanente, « deux canaux ont été construits. Ils drainent la Durance et le Verdon et alimentent trois grandes réserves de six millions de mètres cubes. Soit, trois fois la contenance du Vieux-Port. » Ces équipements ont doté la Provence d'une « assurance anti-sécheresse. Marseille est à l'abri des restrictions que connaissent bien des villes et départements. »

Un capital inestimable et convoité

Aujourd'hui, Jean de Florette n'aurait plus à suer sang et eau pour remonter le précieux liquide. « Nous sommes en capacité d'alimenter le double de la population actuelle », poursuit Sophie Vague. Un capital inestimable et convoité. « En 1983, 1,5 million de m3 d'eau non traitée a été exporté vers le port de Tarragone en Espagne. En 1989 et 1990, le même volume a été livré à la Sardaigne. »

Depuis que les Marseillais ont épaulé les Barcelonais, la Société des eaux est sollicitée. « L'émirat de Dubaï nous a contactés. Il souhaitait signer un contrat de livraisons régulières. Nous n'avons pas donné suite. Nos interventions ne peuvent être que des opérations de solidarité. »

La démarche marseillaise pourrait inspirer le prochain Forum mondial de l'eau à Istanbul du 16 au 22 mars 2009. Quinze experts sont récemment venus plancher sur la Canebière. Ils sont chargés, par l'Onu, de formuler des propositions pour réduire les coûts humains et économiques des catastrophes naturelles liées à l'eau.

Sources: Ouest France


Si vous souhaitez en savoir plus sur cette pénurie d'eau qui touche peu à peu l'Europe, je vous conseille la lecture de " L'Avenir de l'Eau - Petit Précis sur la Mondialisation II" d'Éric Orsenna aux Éditions Fayard.

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